Oncle Jacques dès l’aube saucissonnait gaiement, Ses ouvriers aussi partageaient victuailles. Volées de grains dorés qui me semblaient semailles Apâturaient poussins voletant en piaillant.
Au Faget, chaque geste chorégraphiait l’espace, Les grands champs de maïs comme autant de pays : Venue du temps qui passe, une grâce infinie De cent siècles en labeur était l’infime trace.
Effrayée par le fauve enchaîné sous la grange L’enfant des villes courait vers un bel ange : Sa tante en souriant lui redonnait des ailes.
Et quand dormaient tracteurs le méchoui chantait : Des parfums et des rires la ferme envahissaient, Façonnant la mémoire d’une France éternelle.
En hommage à mon oncle Jacques et ma tante Jeannine qui vécurent si longtemps à Labastide Saint-Georges… Et à ma cousine Josy, qui a quittés récemment…
Ce poème vient de remporter le diplôme d’honneur du concours de poésie de Labastide Saint-Georges, dans le cadre du #printempsdespoètes 2024, avec pour thème « la grâce » – le deuxième thème local était « la rose ».
Labastide Saint-Georges fait partie des villages qui mettent la poésie à l’honneur, puisque depuis 2018, la commune peut s’enorgueillir du beau titre de « Village en poésie »! Depuis de nombreuses années, des rues et des édifices publics portent en effet des noms de poètes…
Je suis très émue de rendre ainsi hommage à mes chers tante et oncle, et à une cousine disparue il y a quelques mois, qui partageait nos vacances à la ferme…
En hommage aussi à tous nos agriculteurs, à ce monde paysan à qui nous devons tout et que je respecte infiniment!
On dit que les Inuits possèdent des centaines de mots
pour dire
la neige.
Là où notre neige est simple comme
un drap immaculé,
les habitants de l’Arctique ont nommé
l’indicible, le fragile, l’intangible du flocon et
du crissement sous les peaux de phoque.
On dit que la France possède des centaines de libertés
pour dire
les droits de l’homme.
Pourtant, là où la démocratie devrait être lumineuse comme
la fraternité,
nos enfants ne savent plus ressentir ni partager
la blancheur, la candeur des innocences,
perdus
au milieu des incivilités, des insultes, des fanges belliqueuses des puissants ou
des faibles.
Je rêve de ce jour où nous serions tous à nouveau
les enfants de la Terre, goûtant de la langue les flocons
attendus et sachant en allégresse
faire cercle et méridien.
D’autres textes, consacrés aux peuples anciens, aux tribus disparues ou dévastées, parsèment encore ce recueil que vous trouverez sur Amazon et qui cherche un éditeur…
« Paru à l’occasion de la Journée de la Terre, le recueil de poésies de Sabine Aussenac est une offrande à la mémoire des hommes et de leur planète qui agonise. Dans une langue épurée, l’auteur évoque ces tribus disparues, mais aussi les cicatrices que la Nature exacerbée inflige à notre humanité à la dérive. Entre allégresse solaire et déserts erratiques, ces chants tutélaires des tribus rassemblées résonneront à vos cœurs comme un tambour des retrouvailles. »
Une conférence pour changer le monde, un sommet de la terre, et quelques poèmes pour en dire la beauté primitive et essentielle.
Mais aussi et surtout les blessures infligées par l’Homme, devenues ouragans et tornades, tempêtes et tsunamis, incendies, explosions nucléaires et dévastations…
Il n’est jamais trop tard. Martin Luther disait qu’à la veille de la fin du monde il planterait néanmoins un pommier en son jardin. Agissons ! Ensemble, nous serons.
Chants tutélaires des tribus rassemblées
Longtemps, ils s’étaient couchés de
bonne heure, quand barrissaient
bêtes des forêts
émeraude. Puis vint
le feu.
Liberté adoubée aux grottes,
bisons et sanguines.
Au ventre rond
des femmes, l’Humanité
s’éveille.
Chants tutélaires des tribus rassemblées.
Le jazz est mort
Bayou balayé. Des eaux fourbes serpentent
en chantant. La vague déchire
alligators éventrés avant de
déguster la Ville.
Scarlett inachevée pleure sa Louisiane
noyée. Le jazz est
mort. Ouragan mélomane,
et chimie dans les
ports.
Et l’Arctique frissonne
Vois le trou rougi ! Tu te
penches, mais nul phoque n’y meurt. Ta banquise
a fondu
et l’Arctique frissonne.
Alcools, rennes perdus des innocences, les igloos
te regardent, eskimo boréal qui
boit au lait d’un Cercle devenu fou.
La Canopée, cantatrice chauve
Le fleuve lisse avale les lianes
des mémoires.
Orpailleurs vilipendent les terres
calcinées, la Canopée, cantatrice chauve,
surplombe les silences.
Un hamac balance ta tristesse
aux seins lourds.
Vie poisseuse au vert émeraude des temps
enfuis.
Sur des haïkus déserts
Delta et source
en un même
chagrin. Yeux vides
des mères. La vague a laissé cerfs-volants
aux branches énuclées.
Saumâtres, les âmes
mortes geignent au Tsunami.
La fleur de cerisier flotte, seule,
sur des haïkus déserts.
Dans les bouleaux déchus
Des sapins au corps tordu se convulsent
de haine. Silence des écureuils.
Sibérie des silos esseulés,
légumes dégénérés, enfants nés sans
tête.
La Centrale perle ses eaux mortes en
neige avariée.
Les femmes n’engendrent plus que ce vent obscène
venu pleurer dans
les bouleaux
déchus.
Le bush se contorsionne
Flammes, feux-follets des enfers,
le bush se contorsionne.
Un diable de Tasmanie se consume, des kangourous
fondus, fumerolles funestes,
fuient Lucifer.
Soleil darde sa mort, peaux
laiteuses des surfeurs, bientôt parcheminées
de scories
cancéreuses. L’arborigène
pleure, la terre rouge plie.
En Vendée orpheline
Lucioles au marais, feux-follets
comme un phare. Pré salé des
roses trémières,
Ré, ta blancheur.
La tempête a gonflé les maisons
apeurées. Enfançons
surpris hurlent en eau saumâtre.
En Vendée orpheline, un vieux Chouan
a pleuré.
Ces vers en peupleraie
Farandoles des tribus,
guirlande de
peuplades, comme accrochées à l’arc-en-ciel
des temps.
Terre, alma mater souillée de nos
violences, ton climat
derviche tourneur,
comme en vengeance.
Toujours je dirai
tes beautés, hommage aux
ancêtres innocents.
Granit des souvenances, ces vers
en peupleraie, au halo des lumières.
D’autres textes, consacrés aux peuples anciens, aux tribus disparues ou dévastées, parsèment encore ce recueil que vous trouverez sur Amazon et qui cherche un éditeur…
« Paru à l’occasion de la Journée de la Terre, le recueil de poésies de Sabine Aussenac est une offrande à la mémoire des hommes et de leur planète qui agonise. Dans une langue épurée, l’auteur évoque ces tribus disparues, mais aussi les cicatrices que la Nature exacerbée inflige à notre humanité à la dérive. Entre allégresse solaire et déserts erratiques, ces chants tutélaires des tribus rassemblées résonneront à vos cœurs comme un tambour des retrouvailles. »