Rose, enfant soleil de la Morariusgasse #RoseAusländer #essai #Allemagne

Rose, enfant soleil de la Morariusgasse

Rose, enfant soleil de la Morariusgasse,

tu dansais l’innocence entre violons de

Chagall et lilas, en allégresse

parfumée.

Ta Bucovine un paradis.

*

Rose, princesse de Saba si fière en cœur battant

de l’Europe,

tu vivais heureuse, ta

petite Vienne creuset

des cultures. Les mots

des messagers des mondes : la philosophie

te grandit, la poésie t’enfante.

*

Rose, soudain cachée meurtrie épouvantée,

jeune femme courage,

rossignol du ghetto en espérance

de lumière.

Ta Bucovine un enfer. Mais

écrire. Tes mots-tocsins

t’abritent.

Béance de la Shoah :

Rose, tu es Sarah, Déborah, Rachel, tu es David, Chlomo, Haïm.

*

Rose, ton exil. Les staccatos

de la Grosse Pomme

en écho au silence

de l’indicible.

Ta langue-mère cri des bourreaux.

Ta voix, orpheline perdue

des mondes assassinés.

Tu es debout mais un fantôme.

Ta Bucovine effacée, morcelée, écartelée.

*

Rose, ta renaissance en souffle

neuf. Petite fiancée des mots

retrouvés, tu jaillis en

poésie, inextinguible.

Le Queen Mary t’emporte

vers tes terres

anciennes,

l’Italie te restaure.

Héliophage, tu

récuses les nuits pour affirmer

la vie.

Ta Bucovine un miroir sans tain.

Ne jamais la revoir, la chanter

toujours.

*

Rose, tu écris, tu noircis mille

pages, parcourant

ton Europe, barcarolle

fragile des paix

balbutiantes. Ta valise de

soie te suffit, ta langue-mère

te nourrit. On te lit, te découvre,

t’honore.

Ta Bucovine t’habite.

*

Rose, tu t’alites, vieille dame

malicieuse. Ton lit un palais.

Tu y écriras jusqu’à

ton dernier souffle,

le Nordpark canopée

de tes mémoires.

Ta Bucovine berceau

de tes milliers

d’étoiles.

Rose, Sonnenkind der Morariusgasse

Rose, Sonnenkind der Morariusgasse ,

du tanztest die Unschuld zwischen Chagall Geigen

und Fliedern, in duftender

Freude.

Deine Bukowina ein Paradies.

*

Rose, so stolze Prinzessin von Saba im pulsierenden Herzen

Europas,

du lebtest fröhlich, dein Klein-Wien Schmelztiegel

der Kulturen. Die Wörter

Botschafter der Welten: Die Philosophie

bringt dich groß, die Lyrik gebärt dich.

*

Rose, plötzlich versteckt verletzt verwirrt,

junge Frau-Courage,

eine Nachtigall im Ghetto, strebend nach

Licht.

Deine Bukowina eine Hölle. Aber

Schreiben.  Geborgen in deinen

Sturmglockenwörtern.

Abgrund der Shoah:

Rose, du bist Sarah, Deborah, Rachel, du bist David, Schlomo, Haïm.

*

Rose, dein Exil. Die Staccatos

Big Appels ein Echo

des Schweigens des

Unsagbaren.

Deine Muttersprache Schrei der Henker.

Deine Stimme, verlorenes Waisenkind

der ermordeten Welten.

Du stehst noch, aber ein Gespenst.

Deine Bukowina ausradiert, zerbröckelt, zerrissen.

*

Rose, deine Neugeburt in neuem

Pneuma. Kleine Verlobte der zurückgefundenen

Wörter, in Lyrik sprudelnd, unzerstörbar.

Die Queen Mary trägt dich

heim ins Land der Vergangenheiten,

Italien baut dich auf.

Eine Sonnenpriesterin: Du lehnst

die Nacht ab, um das Leben zu

behaupten.

Deine Bukowina ein Einwegspiegel.

Sie nie wiedersehen, sie singen aber

immer.

*

Rose, du schreibst, du dichtest tausend

Seiten voll, bummelst durch dein

Europa, zerbrechliche Barkarole der

stammelnden Frieden. Dein

Seidenkoffer genügt dir, deine

Muttersprache versorgt dich. Man liest,

entdeckt, ehrt dich.

Deine Bukowina bewohnt dich.

*

Rose, Du legst dich hin, schelmische

alte Dame. Dein Bett ein Palast.

Da wirst du bis zu deinem letzten

Atem schreiben,

der Nordpark Baumkrone

deiner Erinnerungen.

Deine Bukowina Wiege

deiner tausend

Sterne.

https://sabine-aussenac-dichtung.blogspot.com/2022/07/rose-sonnenkind-der-morariusgasse.html

Espoc gris de la Nordsee #occitan #Allemagne #famille

Espoc gris de la Nordsee

*

Wiebke, ton pichon nom coma sens

cara. Ta mainada tan nombrósa

retrobada sus un aubre

sépia: Heinrich, Walter, Werner,

Willy, Heinz, Erika, Gertrud, e

Anneliese, la mia grand.

*

Wiebke, te saber nascuda a las bòrnas

de l’Euròpa e de las mars, quasi insulari.

Espoc gris de la Nordsee, marèias

d’immens, ostals

mirgalhats, flaira de nau

e de sau. Mans

encoissinadas dels òmes,

chalutièrs e merluça,

pimparèlas timidas tartalhant

la prima.

*

Mai que mai, aguères

fam.

Wiebke, te somiar drolleta

meravilhada de solelh,

endimenjada davant brica

sorna de la glèisa, en aquesta

Alemanha encara verge

dels infèrns. Imaginar

t’abraçar davant

èrsa tendra.

*

Non pas

te desbrembar.

Heini, le premier fils de Wiebke…

*

Embruns gris de la Nordsee

*

Wiebke, ton prénom presque sans

visage. Tes enfants si nombreux

retrouvés sur un arbre

sépia: Heinrich, Walter, Werner,

Willy, Heinz, Erika, Gertrud, et

Anneliese, ma grand-mère.

*

Wiebke, te savoir née aux confins

de l’Europe et des mers, presqu’insulaire.

Embruns gris de la Nordsee, marées

d’immenses, maisons

bigarrées, odeurs de nacelles

et de sel. Mains

calleuses des hommes,

chalutiers et morue,

pâquerettes timides balbutiant

le printemps.

*

Souvent, tu as

eu faim.

Wiebke, te rêver enfant

émerveillée de soleil,

endimanchée devant brique

sombre de l’église, dans cette

Allemagne encore vierge

des enfers. Imaginer

t’embrasser devant

vagues tendres

*

Ne pas

t’oublier.

Anneliese, ma merveilleuse grand-mère, et son époux, son Erich adoré.
Husum - Die graue Stadt am Meer | Hafenstimmung | malp007 | Flickr

Garder la lumière


Aline Korenbajzer, déportée et assassinée à Auschwitz-Birkenau, le 31 août 1942, le jour de ses 3 ans…

Ne pas oublier

barbaries indicibles.

Garder la lumière.

忘れないで

言葉にならない野蛮人。

光を保ちなさい。

Wasurenaide

Kotoba ni naranai yaban hito.

Hikari o tamochi nasai.

La tentation de la lumière

http://www.oasisdesartistes.org/modules/newbbex/viewtopic.php?topic_id=76504&forum=2

Voilà l’ultime solitude
Celle en unique complétude
Ma main si seule en sable fin
Fait frissonner les siècles éteints
Mes doigts fusionnent en tamis tendre
Tous les micas coquilles et cendres
J’ai préféré robinsonnade
A nos intimes mascarades
Courant à cru dans la rosée
Comme au couchant de mes pensées
La tentation de la lumière
Je vis en garde-barrière
Mes rêves autant de garde-fous
L’espoir se tient au garde à vous
J’avais pensé baisser ma garde
Mais les passés me rendent hagarde
Ne plus oser faire confiance
Vivre en intenses paix immenses
Au creux d’un monde en résonance
Comme en parfum couleur jonquille
J’ai fait rouler toutes mes billes
Demeure seule mais bien debout
Courir un soir d’été bruissant
En parc anglais tout frémissant
Respirer comme une hirondelle
Sentir arbustes et mirabelles
Besoin de rien envie de moi
Ne plus jamais craindre le froid
Si je suis bien avec moi-même
Mort assurée des matins blêmes
Lilas me vaut mille caresses
Grillons me sont mes allégresses
Venez à moi toutes cigales
Je pars nager en mer d’opale
Seule et solide séquoia
Un mot écrit m’est siècles en toi
Ne plus souffrir ne plus aimer
La voilà donc la liberté
Ne plus attendre ce train qui passe
Jeter les soupes à la grimace
Je bois en juive quand ça me chante
Nul ne me dictera tourmentes
Des aubes roses aux tourterelles
M’en vais guérir des écrouelles
Quant à ce roi longtemps promis
Qu’il soit patient s’il est ami.

13/05/2009