On dit que les Inuits possèdent des centaines de mots
pour dire
la neige.
Là où notre neige est simple comme
un drap immaculé,
les habitants de l’Arctique ont nommé
l’indicible, le fragile, l’intangible du flocon et
du crissement sous les peaux de phoque.
On dit que la France possède des centaines de libertés
pour dire
les droits de l’homme.
Pourtant, là où la démocratie devrait être lumineuse comme
la fraternité,
nos enfants ne savent plus ressentir ni partager
la blancheur, la candeur des innocences,
perdus
au milieu des incivilités, des insultes, des fanges belliqueuses des puissants ou
des faibles.
Je rêve de ce jour où nous serions tous à nouveau
les enfants de la Terre, goûtant de la langue les flocons
attendus et sachant en allégresse
faire cercle et méridien.
D’autres textes, consacrés aux peuples anciens, aux tribus disparues ou dévastées, parsèment encore ce recueil que vous trouverez sur Amazon et qui cherche un éditeur…
« Paru à l’occasion de la Journée de la Terre, le recueil de poésies de Sabine Aussenac est une offrande à la mémoire des hommes et de leur planète qui agonise. Dans une langue épurée, l’auteur évoque ces tribus disparues, mais aussi les cicatrices que la Nature exacerbée inflige à notre humanité à la dérive. Entre allégresse solaire et déserts erratiques, ces chants tutélaires des tribus rassemblées résonneront à vos cœurs comme un tambour des retrouvailles. »
Dans la chambre illicite un parfum d’inconnu Parsème de douceurs des draps ensommeillés Nul ne sait si la neige parviendra à l’été Mais il devient le maître et elle est l’ingénue
Dans la chambre interdite aux couleurs d’infini Il n’y a plus d’espaces à mesure des jours C’est le livre des heures c’est le mois de Marie Ils l’ont tant attendu ce rendez vous d’amour
Dans la chambre sauvage où hurle le silence Elle le mord il la prend il la tient et elle danse C’est un ballet immense une lutte d’amants Leur douceur n’a d’égale que leurs jeux indécents
Dans la chambre apaisée aux mille soies torrides Ils se touchent enivrés en de longs corps à corps Leurs caresses miellées deviennent un corps accord En leurs souffles mêlés le réel est frigide
Dans la chambre permise l’amour aura gagné Lorsque l’on vit ses rêves ils en deviennent vrais Capri n’est qu’un début pour deux amants qui s’aiment Leur amour si puissant vaincra tout anathème.
Voilà l’ultime solitude Celle en unique complétude Ma main si seule en sable fin Fait frissonner les siècles éteints Mes doigts fusionnent en tamis tendre Tous les micas coquilles et cendres J’ai préféré robinsonnade A nos intimes mascarades Courant à cru dans la rosée Comme au couchant de mes pensées La tentation de la lumière Je vis en garde-barrière Mes rêves autant de garde-fous L’espoir se tient au garde à vous J’avais pensé baisser ma garde Mais les passés me rendent hagarde Ne plus oser faire confiance Vivre en intenses paix immenses Au creux d’un monde en résonance Comme en parfum couleur jonquille J’ai fait rouler toutes mes billes Demeure seule mais bien debout Courir un soir d’été bruissant En parc anglais tout frémissant Respirer comme une hirondelle Sentir arbustes et mirabelles Besoin de rien envie de moi Ne plus jamais craindre le froid Si je suis bien avec moi-même Mort assurée des matins blêmes Lilas me vaut mille caresses Grillons me sont mes allégresses Venez à moi toutes cigales Je pars nager en mer d’opale Seule et solide séquoia Un mot écrit m’est siècles en toi Ne plus souffrir ne plus aimer La voilà donc la liberté Ne plus attendre ce train qui passe Jeter les soupes à la grimace Je bois en juive quand ça me chante Nul ne me dictera tourmentes Des aubes roses aux tourterelles M’en vais guérir des écrouelles Quant à ce roi longtemps promis Qu’il soit patient s’il est ami.